La Chine contre Moodys

Publié le par Le Billard

 Moody's détient aujourd’hui 40 % du marché dans l’estimation des crédits accordés aux entreprises par les banques. Moody's évalue aussi les dettes publiques. Par ce biais, elle joue un rôle politique non négligeable. Déjà, dans les années 1930, une brusque dégradation de la note accordée à la dette publique de la Grèce avait eu de notables conséquences : l’installation d’un gouvernement d’extrême droite. De A à C, sa notation comporte 21 degrés. Avec des modalités différentes, Standard & Poors et Fitch Ratings ont repris cette notation de A à C. Moody’s vient d’abaisser de Aa3 à A1, c’est-à-dire de “high grade” à “upper medium grade” sa note pour les émissions de la Chine en monnaie nationale et en devises étrangères à long terme. Elle a fait passer les perspectives de l’économie chinoise de “stables” à “négatives”. Elle considère, pour justifier cette nouvelle notation, que l’État chinois s’endette trop, que son modèle de croissance n’est plus durable, que la déflation des prix des producteurs est persistante, qu’il n’encourage pas assez les investisseurs institutionnels étrangers sur les marchés de capitaux chinois. Réponse du gouvernement chinois : Moody’s surestime les difficultés réelles auxquelles est confrontée l’économie chinoise et sous-estime les capacités du gouvernement à approfondir les réformes structurelles en faveur de l’offre et à élargir la demande intérieure. Or le PIB chinois a augmenté de 6,9 % au premier trimestre de 2017, soit plus qu’au premier trimestre de 2016 (6,8 %) et surtout plus que les prévisions gouvernementales (6,5 %). Par ailleurs, sur les quatre premiers mois de l’année, les recettes fiscales ont augmenté de 11,8 %, contre 8,6 % pour la même période de l’année dernière. Le gouvernement chinois considère que “l’économie chinoise devrait maintenir sa stabilité et sa croissance relativement rapide grâce à l’approfondissement des réformes dans les entreprises d’État, la finance, la fiscalité et la tarification, en plus de la mise en œuvre de l’initiative One Belt One Road”. “Qui a raison ? Il faut toujours se méfier des approximations aventureuses des conjoncturistes, comme de l’optimisme affiché par les autorités publiques” Quant à la dette publique, que Moody’s annonce au taux de 40 % du PIB en 2020, elle a été de 36,7 % en 2016. On est encore loin du seuil d’alerte en vigueur dans l’Union européenne, soit 60 %. Le gouvernement chinois estime que la dette publique ne devrait guère changer d’ici à la fin de l’actuel plan quinquennal, en 2020. Qui a raison ? Il faut toujours se méfier des approximations aventureuses des conjoncturistes, comme de l’optimisme affiché par les autorités publiques. Mais, s’agissant de la Chine, il faut toujours se rappeler que, tout en évoluant vers une certaine forme de capitalisme, l’économie chinoise reste beaucoup plus soumise à l’intervention des pouvoirs publics que les économies occidentales. 

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