Refonder les organisations internationales

Publié le par Le Billard

ONU, Banque mondiale, FMI, etc. : nombreuses sont les organisations internationales régissant le système international actuel à avoir vu le jour après la Deuxième Guerre mondiale. Ces instances sont-elles encore en mesure de répondre aux enjeux actuels, et notamment ceux d'une économie mondialisée ?  Jean-Sylvestre Mongrenier : De prime abord, il convient de revenir à l’époque fondatrice du système international. La crise de 1929, le chacun pour soi (le « self help ») et l’incapacité des nations industrielles à apporter des réponses communes (voir l’échec de la Conférence de Londres, en juin-juillet 1933) ont entraîné la désintégration du système économique mondial, fracturé en un petit nombre de « plaques » monétaires et commerciales. Ensuite, la montée des périls et la marche à la guerre ont mis à bas le système de sécurité collective institué par le traité de Versailles, i.e. la SDN (Société des Nations), définitivement emportée par la Seconde Guerre mondiale. Au lendemain de cette guerre, de nouvelles institutions internationales doivent être fondées, sous la direction des Etats-Unis qui assument désormais le rôle de « stabilisateur hégémonique » refusé après la Première Guerre mondiale (cf. Charles Kindleberger, La Grande Crise mondiale, 1929-1939, Economica, 1986). Les négociations qui mèneront à la fondation de l’ONU (Organisation des Nations Unies) ainsi qu’au système de Bretton Woods sont entamées avant la fin du second conflit mondial : les accords de Bretton Woods sont signés le 22 juillet 1944 et les 51 Etats fondateurs de l’ONU sont réunis à San Francisco, le 26 juin 1945, afin d’adopter la Charte des Nations unies. >>> Lire aussi pour approfondir ce sujet : Pourquoi il est urgent de réinventer un libéralisme qui ne serve pas d’alibi à un capitalisme financier mondialisé et prédateur <<< Considérées par des auteurs comme Arnold Toynbee ou Ernst Nolte comme formant un seul grand conflit entrecoupé d’une trêve, les deux guerres mondiales ont démontré que le seul principe des nationalités, le libre commerce et l’interdépendance économique ne suffisaient pas à fonder la paix. A cet égard, cette nouvelle « guerre de Trente Ans » marque une rupture avec l’optimisme progressiste du XIXe siècle et la croyance dans les vertus du commerce (intellectuel et autre), déjà célébrées par Montesquieu et Benjamin Constant, optimisme que l’on retrouve chez Victor Hugo avant qu’il ne soit refroidi par la guerre franco-prussienne de 1870-1871. A l’évidence, le progrès technico-scientifique et économique ne suffit pas à garantir le progrès moral et il n’existe pas d’harmonie spontanée entre les nations. Dès après la Première Guerre mondiale, l’idée d’une structure politique venant « coiffer » la mondialisation des relations internationales s’est donc imposée. Le projet de « Ligue des nations » formulé par Wilson, dans son discours des Quatorze Points (8 janvier 1918), est à l’origine de la SDN, fondée par le traité de Versailles.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :